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Ladataan... Quelqu'un à qui parler : Une histoire de la voix intérieureTekijä: Victor Rosenthal
ei avainsanoja - Ei tämänhetkisiä Keskustelu-viestiketjuja tästä kirjasta.  Joop-le-philosophe | Aug 18, 2020 |  ei arvosteluja | lisää arvostelu
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Valorisée par les Anciens, ignorée des Modernes, la voix intérieure est enfin à l’ordre du jour des sciences de l’homme. Cette voix intime qui m’interpelle, me parle, me susurre ou me crie à l’oreille, pour m’accabler, me réconforter, commenter ce qui advient ou me faire la lecture, n’est pas seulement là pour m’encombrer de sa compagnie ; elle confère à la vie humaine une profondeur délibérative et un recul face au cours du monde. L’idée même d’une intériorité psychique est en effet tributaire de la possibilité de s’entretenir à tout instant avec soi-même. Nul besoin de faire appel à une substance métaphysique (âme, esprit, psychisme) pour jouir d’une vie intérieure : j’entretiens un rapport social avec moi-même et je dois vivre sous la pression de l’autre voix. Confidente par excellence et critique sans pitié, singulier reflet de l'intime d'un être social, la voix intérieure habite autant qu'elle accompagne (4e de couverture) Kirjastojen kuvailuja ei löytynyt. |
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> QUELQU'UN À QUI PARLER, une histoire de la voix intérieure, de Victor Rosenthal. — Victor Rosenthal, chercheur, anthropologue, psychologue - EHESS/INSERM - est venu au Labo du corps (1) » parler aux formateurs de l’EFY de la voix et notamment de la « voix intérieure », thème de son dernier ouvrage paru en février 2019 Quelqu’un à qui parler, une histoire de la voix intérieure - PUF.
Pour les lecteurs des Carnets, il revient très volontiers sur cette énigmatique « petite voix » qui nous accompagne.
CDY : En préambule, pourriez-vous définir ce que vous nommez « voîx intérieure. » ?
V.R. : La voix intérieure, c’est cette « petite voix » que chacun de nous « entend dans sa tête » et qui nous paraît comme étant à la fois la nôtre et pas tout à fait la nôtre. Elle est certainement la nôtre au sens physique du terme ; d’ailleurs cette petite voix est pour nous rigoureusement identique à celle qui s’adresse aux autres ; et elle est certainement la nôtre quand elle profère un discours qui nous est destiné et dont nous pouvons assumer la teneur (« Je vais être en retard », « Il faut que j’aille au pressing », « Qu’est-ce que je fous là ! », « Tiens, il pleut »). Mais l’identité de cette voix devient incertaine lorsqu’elle sert de support à un débat intérieur (qui implique évidemment au moins deux voix) ou quand, par exemple, on s’interpelle soi-même (« Mais qu’est-ce qui t’a pris ? », « Arrête ! »). L’anthropologie culturelle nous apprend, de son côté, que cette petite voix peut aussi proférer une parole reçue comme celle d’un proche absent (père, mère, ancêtre, être cher) ou d’une divinité.
Mais revenons au concept de la voix intérieure en tant que voix. Il ne faut pas perdre de vue que toute parole, qu’elle soit proférée haut et fort ou en son for intérieur, est dite, dite par une voix qui l’incarne en même temps qu’elle la médiatise, et cela lui confère un caractère à la fois corporel, physique et celui d’une instance responsive, c’est-à-dire dotée des propriétés d’une personne (agent, volonté, droit, considération, conscience…) ; en témoignent les expressions du français : « avoir voix au chapitre », « faire entendre sa voix », « avoir une voix qui compte », « être la voix des sans-voix », etc. Ces dimensions, corporelle et responsive, font de la voix humaine une véritable instance dont l’action est perçue comme efficace, et elles confèrent à la voix intérieure la faculté de se réclamer de nous (comme notre porte-parole intime) et pas seulement de nous. Éditions PUF février 2019.
(1) Le « Labo du corps » : séminaire de recherche de l’EFY en partenariat avec l’École des Hautes Etudes en Sciences Sociales (EHESS). (Stéphanie LAGARDE-DEROUICHE)
—Les Carnets du Yoga, (382), Décembre. 2019