> Babelio : https://www.babelio.com/livres/Bouchart-dOrval-La-rumeur-du-divin/957308
> BAGLIS TV : https://www.baglis.tv/livres/3075-la-rumeur-du-divin-de-jean-bouchart-d-orval.ht...

> LA RUMEUR DU DIVIN, de Jean Bouchart d'Orval (2016 , Almora, 205 p.). — La rumeur du divin court à travers les âges, depuis la naissance de l’humain, et chaque culture y a apporté sa coloration propre. L’auteur s’attache ici à la tradition judéo-chrétienne fixée dans la Bible, ancien et nouveau testaments. Il ne s’agit pas d’une analyse de textes, il ne s’agit pas d’emmener le lecteur dans une quelconque approche intellectuelle, même brillante, mais de l’inviter à partager une méditation sur certaines paroles qui émergent des textes sacrés parfois avec fulgurance. Elles éveillent un goût particulier, reconnu instantanément : celui de l’Essentiel, du « Je Suis ». « Avant qu’Abraham fut, Je Suis », disait Jésus. Qu’est ce « Je Suis » ? Participe-t-il de la vie usuelle ? Est-ce le « je » qui peuple notre esprit, agite pensées et émotions ? « Quand nous disons « je », nous désignons généralement une image qui erre depuis quelques décennies entre les neurones de notre cerveau... ce n’est rien d’autre qu’un fantôme errant dans l’état de veille et dans le rêve, une fabrication », nous dit Jean Bouchart d’Orval. Une « fabrication »... Pouvons-nous un instant voir cela, sans jugement ? Être à l’écoute de la façon dont ce « je » s’exprime en nous ? « Comment nos pensées et nos actes pourraient-ils refléter autre chose que la fragmentation mentale ? », nous demande l’auteur. Il montre avec clarté la façon dont nous sommes pris par la vie, dont nous ne faisons qu’y réagir selon notre programmation tant l’identification au moi est forte, tant nous succombons à un étrange et si lourd sommeil hypnotique devant le spectacle de la vie. Mais, fait étonnant, ce sommeil nous capte tant que nous y tenons, à cette identification. Nous tenons à nos émotions, à nos pensées, à notre stress, nous aimons ce rêve. Mais celui-ci a une durée limitée, ne serait-ce que celle du corps ! Et la vie, avec générosité, offre certaines possibilités de réveil : « C’est la souffrance qui vient siffler la fin de la récréation ». C’est elle qui nous fait voir la fausseté de ce sur quoi nous bâtissons nos vies, l’infantilité de nos espérances, notre prétention et notre arrogance à tout savoir. « La grâce, c’est le joyeux désencombrement du cœur », le moment où s’ouvre une brèche dans le béton de la personnalité, celui où le « moi-je » s’endort, s’efface un moment. L’Essentiel apparaît alors, il a toujours été là. Une autre réalité nous attendait dans le silence, derrière ce qui nous agite. Dans cet ouvrage elle est là, tout le temps. Avant toute image, avant toute fabrication mentale, toute construction, toute complication, est le « Je Suis », silence du mental conditionné et vigilance consciente, lucide attention, déploiement d’une Intelligence inconnaissable. Ces méditations, ces instants d’écoute que nous propose l’auteur, la résonnance des phrases tirées des écrits sacrés, sont comme des mains tendues : « si l’on peut recevoir la parole dans l’humilité de celui qui ne sait rien et ne veut rien, alors même une seule phrase suffit à faire signe vers la verticalité et à ouvrir les cieux ».
—3e millénaire, (121), Automne 2016