Louis-Charles Sirjacq

Non, Pinard n’a pas le beau rôle dans cette histoire. Procureur impérial, il eut le privilège de requérir contre Flaubert bien sûr, mais aussi Eugène Sue ou Baudelaire. Pinard est donc passé à la postérité comme l’incarnation du conservatisme étriquée, de la morale petit-bourgeois, de la pudeur chrétienne…
Non, Pinard n’a pas le beau rôle ; non, Pinard n’est pas passé à la postérité avec les honneurs. Alors cette pièce me semble un peu trop facile. Pinard y est présenté de façon assez simpliste, comme l’incarnation de toutes les hypocrisies du Second Empire, et s’il semble effectivement hanté par sa défaite face à Flaubert, si j’ai aimé la lucidité que Sirjacq attribue à son personnage, conscient de l’image de lui qui passera à la postérité, cette pièce n’apprend pas grand-chose et semble surtout charger la barque et rendre Pinard encore plus archétypal que l’image que peut s’en faire une novice de l’histoire littéraire comme moi. Et avec l’arrivée d’un exemplaire des Fleurs du Mal, le prochain objet de plaidoirie qui s’offre à Pinard, la pièce dégénère et perd le peu d’intérêt qu’elle aurait pu avoir.
En définitive, je suis déçue de ne rien avoir appris, de ne pas avoir eu à réfléchir un peu. J’attendais de cette pièce quelque chose qu’elle n’est pas et je suis restée sur ma faim, comme un rendez-vous manqué.… (lisätietoja)