© l'heure o©£ nous achevons ces lignes, la pand©♭mie qui ravage le monde nous rappelle, si besoin ©♭tait, deux puissantes r©♭alit©♭s auxquelles les Anciens avaient pr©®t©♭ toute leur attention au point d'en faire des piliers de leur sagesse: pas plus que la maladie n'affecte le corps seul, mais touche © l'©®tre tout entier, aux sentiments, aux relations humaines, aux institutions, © la politique, la m©♭decine ne se limite aux seuls faits du corps: c'est, elle aussi, une discipline du sens et il ne fait aucun doute que la m©®me actualit©♭ nous enjoint © comprendre cette formule dans sa double acception. C'est une discipline qui doit consid©♭rer le sens et doit y ramener quand tout rend fou. Jean Starobinski pratiqua et ©♭tudia la m©♭decine comme une discipline du sens. Le corps a-t-il une histoire? Madame Bovary avait-elle de la fi©·vre? Pourquoi Moli©·re se moque-t-il des m©♭decins? Les psychiatres sovi©♭tiques ont-ils r©♭volutionn©♭ l'approche des maladies nerveuses? Et encore: d'o©£ vient la semence? Le stress est-il une maladie? Telles sont quelques-unes des questions ©♭tonnantes que Jean Starobinski affronte dans ses enqu©®tes d'histoire de la m©♭decine. L'historien se penche sur les disciplines qui ont tent©♭ de cerner les " raisons du corps ": il y a le corps des m©♭decins, celui des philosophes, celui des ©♭crivains, celui des peintres. Tous ces r©♭gimes de rationalit©♭ contribuent © la connaissance du corps qui ne cesse de d©♭border la raison et de s'y d©♭rober. Le corps a ses raisons.